Ségolène : la chance du PS, par F. Selligmann

Publié le par Désirs d'avenir 83

A quelques jours du vote interne, voici un texte rédigé par Françoise Seligmann qui nous explique pourquoi Ségolène Royal est, pour elle, la chance du PS !

"La réponse du peuple de gauche à la candidature de Ségolène Royal est claire : un accueil largement favorable et qui persiste depuis des mois, à peine entamé par les attaques lancées contre elles dans son propre camp. Par quelle aberration le Parti Socialiste, qui ne cesse d’affirmer sa volonté de battre Sarkozy en mai 2007, pourrait-il se priver de la meilleure arme dont il dispose pour y parvenir ?

Le principal obstacle à une future victoire de la gauche c’est la paresse de ceux qui sont restés campés sur les traditions confortables d’un parti vieillissant, inadapté aux aspirations d’une société qui se débat contre les problèmes de notre époque. Pour trouver le langage juste, susceptible de retenir l’attention, il faut savoir écouter le pessimisme et l’amertume des hommes et des femmes qui appellent à l’aide, à la solidarité, et qui ont besoin d’être respectés. Il faut tirer les conséquences du changement des mentalités et des exigences nouvelles de l’opinion. En somme, il faut reconnaître le décalage qui existe entre la politique politicienne, telle qu’elle a fonctionné jusqu’à présent, et l’attente des Français d’aujourd’hui.

Je reste encore traumatisée par l’image du Congrès du Mans, festival d’hypocrisies et de trahisons, où affleuraient ambitions personnelles, procès d’intention, méfiances et rancœurs, triste spectacle infligé par ceux qui, en guerre du "oui" et du "non", après s’être copieusement injuriés pendant un an, nous ont joué un pathétique et grotesque "Embrassons-nous Folleville" auquel le seul Arnaud Montebourg ne s’est pas abaissé à participer. C’était, portée sur la place publique, la grande faiblesse du Parti Socialiste, parti d’élus ou de futurs élus, au sein duquel tant de camarades ne se déterminent qu’en fonction de leur propre perspective de carrière et de postes à conquérir. Un parti où les petits arrangements entre ennemis et la liturgie qui habille ceux-ci de toutes les vertus ont souvent tenu lieu de morale.

Les concurrents de Ségolène et leurs amis croient encore à la primauté du beau discours politique d’autrefois, destiné à "en imposer", à démontrer l’aisance et la supériorité d’une mécanique intellectuelle parfaite, d’une connaissance encyclopédique, d’une compétence incontestable. Et si, justement, ce discours "trop beau" n’était plus audible de nos jours, s’il inspirait de la méfiance à un public sceptique, qui recherche un langage à la portée de ses problèmes quotidiens... Trop de promesses non tenues, trop de sempiternelles recettes destinées à ne fâcher personne, trop de propositions mirobolantes qui ne sont plus crédibles. Ce n’est pas le tout de se faire applaudir par des publics complices et de faire siffler la candidate la plus populaire (comme si c’était une tare !) par des salles soigneusement recrutées et formatées, rappelant ainsi les tristes heures du Congrès de Rennes.

Tout se passe comme si, pendant ce temps-là, une droite dure aux faibles et aux pauvres n’était pas en train d’accélérer la montée du mal-être et des injustices, de désespérer la société française, d’enfoncer les jeunes, les femmes, les immigrés, dans la précarité, le mépris social et l’horreur économique.

Et lorsqu’apparaît enfin une femme déterminée, qui ose dire ce qu’elle pense, qui, rompant avec l’angélisme et les tartufferies politiciennes en tout genre, cessant de mépriser le peuple, nous parle de respect, de morale, d’éducation, d’effort, de travail, de vertus républicaines et de valeurs familiales, ce sont des socialistes qui tentent de l’abattre, ironisant lourdement sur son absence de programme... alors qu’ils passent eux-mêmes le plus clair de leur temps à commenter ses idées et ses projets, nous tenant soigneusement dans l’ignorance des leurs, et de ce mystérieux projet socialiste qui semble n’intéresser personne.
Des années d’impuissance et de mensonges auront fait de notre pays, en ce début de XXIème siècle, l’homme malade de l’Union européenne. Rattrapée par une réalité impitoyable, la France souffre de ne pas voir notre époque comme elle est. Une femme, une femme socialiste, s’y dit déterminée et j’ai décidé de lui faire confiance, car je ne vois d’avenir, après douze ans de duplicité, d’immobilisme et d’immoralité chiraquiennes, que pour celles et ceux qui osent affronter la vérité en face, appeler un chat un chat, qui ont l’audace de vouloir écrire la page neuve et audacieuse que les Français espèrent."

Françoise Seligmann
Présidente de "Rénover, maintenant"


Résistante dès 1941, Françoise Seligmann a été sénatrice socialiste des Hauts-de-Seine de 1992 à 1995. Ancienne collaboratrice de Pierre Mendès-France à partir de 1958 au sein du secrétariat national de l’Union des forces démocratiques (UFD), elle adhère au parti socialiste en 1974. Elle devient la collaboratrice de François Mitterrand, à l’occasion de la campagne présidentielle qui fait suite au décès de Georges Pompidou le 2 avril 1974. Elle est secrétaire nationale du parti socialiste de 1983 à 1992, notamment à l’information des militants et aux organismes centraux et à l’information interne. Le 10 décembre 2005, elle devient présidente de Rénover maintenant, courant du parti socialiste fondé au lendemain du Congrès du Mans, après avoir été présidente de l’association Nouveau parti socialiste. Françoise Seligmann est présidente d’honneur de la ligue française pour la défense des droits de l’homme et du citoyen depuis 1994 et co-fondatrice de la revue de la Ligue, créée en 1957, Après-demain. Il existe un prix Seligmann contre le racisme créé en 2004, en mémoire de son époux, François-Gérard Seligmann. Une Fondation Seligmann est en projet.

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